Comment préparez vos Cent jours? Les réponses de Laurent Acharian (CRH 2000)

Publié le par promo2000sciencespo

Les Cent Jours des Dirigeants

L’Etat de grâce existe-t-il dans l’entreprise ?*

 

 

Laurent Acharian                                                                          

Philippe Degonzague

Marc Gerresten

Editions Manitoba / Les Belles Lettres.

 

1/ Bio express : Laurent Acharian

Après une licence de philosophie et un DEA d’histoire contemporaine, Laurent Acharian entre à  Sciences Po en 1998. Journaliste à L’Equipe Magazine pendant cinq ans, il rejoint PwC en tant que speech writer et responsable du service presse du cabinet d’audit et de conseil en 2005.   Au-delà de ce rôle professionnel, Laurent assume d’autres responsabilités : celle de père de trois enfants, d’auteur, d’étudiant en MBA, de directeur de collection aux Belles Lettres et  d’administrateur de l’association de notre école.

 

2/ Résumé du livre

 

Comment imposer son style sans dénaturer l’ADN de l’entreprise ? Comment choisir son équipe pour impulser une nouvelle dynamique ? Comment profiter de l’état de grâce que constituent les cent jours pour bâtir sereinement sa stratégie ? Comment ne pas tomber dans le piège d’une communication de début de mandat approximative ?

C’est l’objet de cet ouvrage très pratique qui repose sur une enquête menée auprès de quarante dirigeants de très grandes sociétés (Christophe de Margerie, Denis Hennequin, Xavier Fontanet, Franck Riboud, Pascale Sourisse notamment) et de nombreux dirigeants d’entreprises de taille intermédiaire. Les auteurs sont aussi allés à la rencontre de dirigeants d’autres domaines (politique, sportif, religieux, militaire etc.) pour comparer les bonnes pratiques et offrir aux lecteurs des conseils pour négocier au mieux cette période.      

   

 

Dans une introduction à ne pas survoler, les auteurs reviennent sur l’origine de la formule (l’introduction est réalisée par Jacques-Olivier Boudon, spécialiste de Napoléon à Paris IV) et le sens de leur démarche. Ils développent ensuite, en s’appuyant sur de très nombreux témoignages, les enjeux de cette période cruciale, qui conditionne bien souvent la réussite d’un mandat.    

 

 

3/ Pourquoi le lire ? Avis de lectrice

Il n’y avait pas encore de livre de management en France sur ce thème des Cent Jours à ce niveau de responsabilité. C’est donc la première utilité de ce livre. Rapide à lire et percutant, il offre des  conseils pertinents qui vont bien au-delà de simples recommandations professionnelles. Gestion physique de l’agenda, entrainement physique, organisation familiale (et oui, il faut le lire !): tous ces thèmes sont évoqués dans l'ouvrage.  

Pour avoir travaillé plusieurs fois avec de « nouveaux patrons », j’ai retrouvé des bonnes pratiques issues d’expériences réelles et le récit d’erreurs assez communes. Il ne s’agit pas de recettes de gourous américains qui promettraient de devenir le plus beau (la plus belle) le plus fortuné(e ) le plus adulé ( e) des patrons. Cela le rend d’autant plus crédible !  Enfin, il ne s’agit pas d’un livre réservé aux happy fews : la lecture est intéressante pour tous,  y compris si vous ne briguez pas de poste à très hautes responsabilités dans l’immédiat.

4/ Questions

 

4-1. Vos interlocuteurs mettent plus en avant leur rôle de leaders d’équipe que leurs responsabilités commerciales et budgétaires ? L’équipe est-elle vraiment la priorité des Cent Jours ? 

Rencontrer les salariés, du comité de direction aux N-2 et aller tout de suite sur le terrain sont les priorités d’un nouveau dirigeant. Cela constitue plus de 50 % de son temps dans les Cent  Jours.   Il s’agit en effet de voir, d’écouter et d’être vu.

Il est capital de ne pas arriver avec des recettes et des idées pré-conçues. Il s'agit de comprendre les ambitions, les rêves mais aussi les déceptions des uns et des autres. C’est au cours de cette période que le dirigeant construit son équipe, s’entoure de personnalités de confiance qui ont envie de s’embarquer dans une nouvelle aventure. Il doit savoir s’appuyer sur les hommes et les femmes en place sans pour autant hésiter à trancher en insufflant du sang neuf.    

 Promouvoir un N-2 est symboliquement très fort. Le message alors donné est : « je respecte l’histoire de l’entreprise et je donne sa chance aux gens en place ».

 

4-2. Lorsque vous citez les grands patrons du CAC 40, l’enjeu des Cent Jours semble plus dilué entre leur phase d’intégration qui a été très travaillée, et les perspectives résolument long terme de l’entreprise ?

 

Tous les dirigeants se souviennent de leurs Cent jours, sans exception. Les grands groupes accompagnent parfois leurs nouveaux dirigeants – patrons de filiales notamment- dans cette période, en mettant  par exemple en place des binômes de transition. Mais l’enjeu reste le même : il s’agit d’impulser grâce à un nouveau style, une stratégie qui respecte le passé et projette la société dans l’avenir.    

 

 . 4-5. Vous constatez que les patrons « plus jeunes » ont tendance à s’investir beaucoup – trop parfois !- dans l’opérationnel. Pour se rassurer ?  par goût aussi?

En effet, l es trentenaires et quadras ont tendance à se réfugier dans l’opérationnel. C’est d'abord parce ce qu’il s'agit de ce qu'ils connaissent le mieux.  C'est aussi aussi parce qu’ils sous-estiment d’autres enjeux comme la mise en place de la stratégie, la relation à l’actionnaire, la communication. Sur ce dernier sujet par exemple, le nouveau dirigeant doit être lui-même, ne surtout pas jouer un rôle. Il doit veiller à ne pas surpromettre et manier les chiffres par exemple avec une grande prudence. Annoncer dans ses Cent Jours que le chiffre d’affaires de l’Asie doit croître de 80 % dans l’année, c’est donner un rendez-vous. dont certains se souviendront, tôt ou tard…

  

4-3. Les patrons hésitent, écrivez-vous, à dire  qu’ils sont accompagnés par un coach. Y compris les plus jeunes ?

 

Il y a deux difficultés pour un dirigeant à être coaché. La première c’est tout simplement le manque de temps ! Beaucoup de dirigeants nous ont dit qu’ils ne trouvaient pas le temps de le faire. La seconde raison, sans doute très française, c’est de l’assumer.

Les plus jeunes et les femmes le disent plus facilement, mais effectivement, le sujet reste tabou.

Pourtant,  une des caractéristiques des dirigeants est leur solitude. Certes, ils reçoivent de nombreuses demandes de rendez-vous aussi bien  en interne qu’en externe. Mais face aux décisions à prendre : , ils sont seuls !  Il est crucial pour eux de s’entourer à ce moment-là, en évitant de ne partager ces moments qu’avec leur conjoint. L’aide d’un coach ou d’un consultant est souvent nécessaire.

 

4-4 Un écueil à éviter ?

Attention à  l’ivresse des sommets ! Prendre un poste de direction n’est pas une fin en soi. C’est même souvent le début des ennuis lorsque l’on arrive dans cet état d’esprit.

Bref : il s’agit avant tout de rester humble, vis-à-vis des hommes et des femmes qui vous entourent mais aussi de votre nouvel écosystème (salariés, clients, banquiers, élus etc.).   

 

4-5. Un message à la Promo 2000 ?

Nous avons reçu une formation généraliste qui nous permet, en période de crise, de savoir prendre du recul. Savoir ne pas se plonger uniquement dans les chiffres ou les objectifs à court terme est de plus en plus important.

 

*Vous pouvez poser vos questions à Laurent Acharian sur le blog de l'ouvrage : www.lescentjoursdesdirigeants.fr

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